À l’image de Cendrillon rêvant à d’irrésistibles atours, de la petite sirène prête à souffrir pour de jolies jambes de femme, le thème de la métamorphose esthétique a toujours été au cœur de l’imaginaire féminin. Mais la beauté anime aujourd’hui tout un système d’images, et un dispositif économique considérable qui propose aux femmes d’innombrables baguettes magiques.
Anne de Marnhac analyse les différentes pièces de ce puzzle, depuis l’essor de nos instituts et autres spas, jusqu’aux rubriques de beauté, en passant par la publicité et le ballet d’images de mannequins qui façonnent et engendrent les normes esthétiques contemporaines.
Mettant en perspective les visages actuels de la beauté avec les usages et les modèles féminins d’autrefois, elle ouvre nombre de pistes de réflexion sur le maquillage, la pudeur, la coquetterie ou le glamour. Elle développe ainsi l’idée d’un corps-tissu qui devrait désormais être tendu, lissé, découpé pour y traquer la ride, faux-pli de la peau, et obtenir un corps taillé sur mesure. Au point que la beauté, valorisée à l’extrême comme « capital » à préserve, désignerait maintenant l’esthétique de cette surface désincarnée, et non la présence vivante d’une femme au monde.
Analysant l’histoire des discours masculins sur la beauté féminine, mais aussi l’attitude des femmes vis-à-vis de leur apparence à travers des contes, des romans, des photographies et des journaux intimes, Anne de Marnhac se livre à une réflexion inédite, érudite et passionnante sur la beauté et la fascination qu’elle exerce.